Cette année-là, nous n’avons qu’une semaine de vacances en commun, c’est court mais tant pis, nous décidons quand même de tracer jusqu’en Bosnie. Cela faisait un moment que nous en parlions, et même si nous savons que nous n’aurons pas le temps de tout voir et que le Troll n’est pas vraiment équipé, l’appel de la route et de la découverte est trop fort : C’est décidé, nous partons ! Un matelas dans la voiture, un réchaud, une carte de l’Europe et un compresseur, cela suffira bien pour une semaine !
Je ne m’attarderai pas sur le début du trajet puisque ce n’est pas là l’objectif du voyage :
Départ le vendredi soir après le boulot: Passage express par l’Italie – Traversée de la Slovénie et de ses immenses forêts avec une bonne pause à Ljubljana le samedi après-midi (il aurait quand même été dommage de rater cette ville où il fait bon flâner!)
Voici notre trajet aller:
Croatie
Arrivée le samedi soir à Zagreb, parfait pour goûter les spécialités locales et s’imprégner de l’ambiance de cette ville très cosmopolite à cette période de l’année. La ville nous parait très agréable, et à taille humaine, mais nous ne nous y attardons pas, le but de notre voyage est définitivement la Bosnie !
Après plusieurs heures à se promener dans Zagreb, nous partons en quête d’un lieu pour bivouaquer et nous éloignons donc de la capitale. Après avoir roulé quelques kilomètres, nous atterrissons finalement chez de jeunes Croates après moult péripéties pour sortir leur voiture du fossé. L’hospitalité croate (et leur sympathie) nous oblige à les suivre jusqu’à chez eux, où nous passerons une bonne partie de la nuit à essayer de communiquer en un « savant » mélange de Croate, Polonais et Anglais ! Ils ne comprennent définitivement pas notre souhait d’aller en Bosnie qui est pour eux un pays de sauvages! Apparemment, les blessures et rancœurs du passé sont encore assez vives ! Il faut dire qu’en 2015, ce sont les 20 ans de la fin de la guerre, et que même les jeunes l’ont vécue…
Cette étape nous aura permis de découvrir la gastronomie croate, principalement leur excellente charcuterie maison et leur vin blanc, lui aussi fait maison, mais qu’ils mélangent avec du Coca (après avoir goûté le vin pur, nous avons vite compris pourquoi ils le diluent !).
Le lendemain, nous avons donc repris la route avec un bon mal de crâne, mais surtout après un copieux petit-déjeuner avec toute la famille ! Même si nous avons essayé de refuser (nos hôtes ne roulaient pas sur l’or et nous étions tout de même très gênés de tous ces cadeaux !), il nous a été impossible de repartir sans un bon kilo de charcuterie et une mignonnette de gnôle maison.
Bosnie-Herzégovine
Au passage de la frontière bosnienne , le changement de décor est radical : des maisons détruites, brûlées ou avec des impacts de balles, nous nous demandons un peu où nous avons atterri !
Sur la route de Sarajevo, nous sommes interpellés par le nombre de cimetières que nous croisons, impossible de rouler plus de 10 minutes sans en croiser un. On nous avait prévenu, et cela se vérifiera dans toute la Bosnie, même dans les endroits les plus reculés…
Arrivée à Sarajevo le dimanche midi:
Sarajevo est une ville désormais paisible où il est agréable de se promener et de se perdre, et où la richesse culturelle et architecturale a été relativement préservée. Du moins tout n’a pas été détruit pendant la guerre, même s’il on en voit les séquelles à chaque coin de rue. Pas un immeuble de l’époque de Tito n’a été épargné par la guerre civile et les combats de rue. Le contraste est d’ailleurs saisissant entre la vieille ville, les immeubles de style soviétique et le quartier d’affaires flambant neuf. Mais le contraste n’est pas uniquement architectural, il semble qu’ici, les 3 religions/ethnies du pays cohabitent à présent sereinement : les femmes voilées de la tête aux pieds côtoient de jeunes femmes aux tenues vestimentaires beaucoup plus légères, et nous n’avons pourtant pas capté le moindre regard réprobateur d’un côté ou de l’autre.
Ce pays aux multiples facettes semble nous réserver de belles découvertes!
Cette ville nous a d’ailleurs réservé une surprise, mais pas des plus agréables! Après avoir malencontreusement coupé une ligne blanche pour reprendre la bonne route pour découvrir les hauteurs de Sarajevo, les policiers nous ont fait nous garer sur le côté pour négocier notre amende. Cela a été très rentable pour nous (25€ au lieu de 150), mais surtout pour le policier qui s’est mis les sous dans la poche!
Après une nuit tranquille à l’écart de la ville, nous quittons Sarajevo et partons à l’assaut des pistes bosniennes afin d’atteindre le plus haut village du pays: Lukomir.
Armés de notre carte routière pour seul compagnon, nous ne sommes pas très sûrs de nous mais qu’importe, on trouvera bien! On dégonfle les pneus et on y va!
Nous nous trouvons vite transportés dans un autre monde: aucune route ni habitation, nous sommes seuls sur ces pistes et croisons seulement de temps à autre un berger et son troupeau au milieu de ce paysage à couper le souffle.
Après quelques heures de pistes, nous arrivons à Lukomir, le village le plus haut et le plus reculé du pays. Ici, pas d’eau courante ni d’électricité mais ces maisons en bois et en tôle juchées au bord d’une falaise apportent un cachet indéniable à cet endroit.
Nous poursuivons notre balade dans ces jolies montagnes et nous perdons sur de petits chemins où la voiture est vite trop grosse pour passer! La carte routière n’est en effet pas notre meilleure alliée pour s’orienter en peine cambrousse!
Après un bivouac en haut de notre colline, nous reprenons la piste pour rejoindre la côte Croate, en passant évidemment par Mostar, ville célèbre pour ses athlètes qui plongent du haut du pont. En plein mois d’août, les touristes ont malheureusement envahi ses petites rues en pierre et nous écourtons donc notre visite.
Nous qui espérions se baigner en Croatie après 5 jours de voiture en pleine canicule, c’est loupé, dès la frontière croate passée, des trombes d’eau s’abattent sur nous! Nous continuons donc à descendre le long de la côte et atterrissons dans la soirée au Monténégro, le Saint-Tropez de la région!
Halte à Kotor, où nous trouvons l’explication du bruit et du comportement bizarre du Patrol: la tige de l’amortisseur avant droit vient définitivement de nous lâcher! Nous pensions que ces amortisseurs tiendraient au moins le temps du voyage mais la tige vient de casser à cause de la corrosion. Direction un petit garage où l’homme nous explique que personne ne peut changer d’amortisseur de ce genre ici, et que nous devons donc aller jusqu’à Podgorica, la capitale, qui se trouve au bout d’un longue route de montagne sinueuse!
Tant bien que mal arrivés à Podgorica après 2 heures à voir le capot se soulever dangereusement à chaque virage un peu raide, nous nous retrouvons au garage Nissan. Pas de chance, ils n’ont pas nos amortisseurs en stock, mais nous restons bouche bée devant leur efficacité et réactivité. Nous qui étions déjà en train de nous demander si nous serions rentrés à temps pour le traditionnel 15 Août en Auvergne, le garagiste revient vers nous 15 minutes après notre arrivée pour nous annoncer qu’un collègue d’une ville voisine est en train de leur apporter le jeu d’amortisseurs qu’il nous faut! Deux heures plus tard, nous reprenons la route avec un amortisseur flambant neuf! Notre seule journée « glandouille au soleil » du voyage aura été grandement écourtée mais nous nous en tirons plutôt bien!
De retour sur la côte croate, nous sommes bien décidés à nous baigner, cette fois plus rien ne nous en empêchera! Nous profitons de ces derniers moments avec un bon restaurant de poisson et un peu de farniente sur une plage de quartier (les plages de sable bondées de touristes, très peu pour nous!).
C’est notre dernier jour sur place, demain il faut reprendre la route pour la France…
La route du retour est bien moins palpitante qu’à l’aller, nous traversons les pays les uns après les autres sans grande envie de rentrer, mais ce premier voyage en Troll nous aura définitivement donné l’envie de repartir ensemble pour une destination plus lointaine!
-Laure-
Commentaires récents