Le passage de la frontière Russie-Mongolie
Arrivés à Kiaktha, nous avions prévu de dormir près du poste frontière afin d’être parmi les premiers dans la file le lendemain matin. Un douanier russe nous indique alors qu’il n’y a personne et que la douane est ouverte 24h/24. Il est alors 18h30. Ce soir, nous dormirons en Mongolie!
Je passe au bureau faire tamponner le permis d’importation temporaire du véhicule (sans quoi le 80′ ne pourrait pas quitter le pays), pendant que Fab ouvre la voiture pour que les douaniers puissent la controler. Jusqu’ici tout va bien, les douaniers sont très gentils et souriants, ils font le tour du véhicule, qu’ils ont l’air de trouver très bien équipé, en discutant avec Fab’. Je reviens seulement dix minutes plus tard et trouve Fab’, penaud, devant la trousse de médicaments. Les douaniers viennent de tomber sur une boite de Tramadol, qui est strictement interdit en Russie et considéré comme narcotique. Pourtant, lorsque nous sommes entrés dans le pays, les douaniers avaient controlé notre boite de médicaments et ne nous avaient rien dit… S’en suit une longue discussion… Non, évidemment que nous ne savions pas que ce produit était considéré comme une drogue puisqu’en France il sert simplement à lutter contre le mal de tête! Ils nous expliquent alors que cela ne prendra « pas longtemps » et que ce n’est pas très grave, mais qu’il va falloir faire un rapport, « pas longtemps », juste 2 ou 3h! Au final, nous devrons faire notre mea culpa avec déclaration écrite – non vraiment, nous n’étions pas au courant! La rédaction du fameux rapport et la traduction de nos déclarations leur prendra finalement 6h, et même le douanier chargé de le rédiger confie à Fab’: « Stupid russian laws »!
Une fois ce léger incident réglé, il est temps de passer aux douanes mongoles, bien entendu allégés de notre boite de Tramadol.
Ici, c’est beaucoup plus rapide mais un peu désorganisé : quelques tampons sur le passeport (même Flash a eu droit à son passeport tamponné!), une fouille rapide de la voiture, une dernière barrière à franchir et nous voilà sur les terres de Genghis Khan! Nous prenons une assurance pour la voiture (indispensable ici) que nous payons 22€ pour un mois. Quelques mètres plus loin, une femme nous interpelle avec des coupons en nous disant « Tax », mais étant donné qu’elle ne porte aucun uniforme officiel, nous lui demandons, sceptiques, en quoi consiste cette taxe. Incapable de nous expliquer en Anglais, elle fait alors demi-tour. Tant mieux! Nous avons esquivé la taxe de « on ne sait quoi » qu’il faut apparemment payer en entrant sur le territoire. Nous nous arrêtons à quelques kilomètres de là pour une courte nuit.
Oulan-Bator
Le premier jour de route en Mongolie est assez éprouvant, d’autant plus que nous n’avons pas beaucoup dormi! Route défoncée, tempêtes de sable, nous sommes bien contents d’arriver à Ulan-Bator à l’Oasis Guesthouse, un véritable repère de baroudeurs de tous horizons. Nous sympathisons vite avec un groupe de motards australiens qui font le même voyage que nous, et la soirée se termine tard autour de quelques bières.
Reposés et remis de nos émotions, nous partons à la découverte de cette immense ville. Près de la moitié de la population mongole y habite, autant dire que le reste du pays est bien vide puisque le pays ne compte que 3 millions d’habitants. Oulan-Bator est aussi pratiquement le seul endroit où l’on peut croiser la police mongole: le taux de criminialité est tellement faible dans le pays qu’il n’y a pas vraiment besoin de police, et d’ailleurs, il serait bien impossible d’être présent partout dans un pays aussi désertique qui fait la taille de l’Europe de l’Ouest!
Une bonne marche dans la ville nous met en appétit, il est temps de découvrir la gastronomie locale. Nous testons donc les buuz, ces gros raviolis à la viande, et nous apercevons que la viande la plus répandu est de loin le mouton. Peu habitués à ces mets assez forts en goût, les plats nous écoeurent assez vite. Pourvu qu’on ne soit pas obligé de manger du mouton tous les jours!
Le lendemain matin, nous quittons Oulan-Bator pour le Sud et par les pistes. Jusque là, la Mongolie ressembe exactement à ce que nous avions imaginé. De vastes steppes et leurs immenses troupeaux de chevaux, de chèvres et de moutons, de nombreux aigles, des montagnes qui bordent ces grandes étendues, nous pouvons enfin mettre des images réelles sur nos rêves de steppes! Nous profitons de notre bivouac dans les montagnes sacrées (non loin de Bayan-Önjüül) pour démonter la rotule de la barre de direction. Le circlip du soufflet s’est fait la malle et la graisse s’en échappe. Il faut donc réparer au plus vite, mais cela ne nous prendra que quelques dizaines de minutes, et nous laisse grandement le temps de profiter des montagnes qui nous entourent.
Le désert de Gobi
Arrivés à Dalandzagad, aux portes du désert de Gobi, nous retrouvons les Australiens pour diner. Aucun menu en Anglais, nous choisissons donc nos plats au hasard. A votre avis, ce sera du mouton, ou plutôt du mouton?! Quelques fous-rires plus tard et l’estomac bien rempli (de mouton, cela va de soi), nous allons nous coucher. Demain, les canyons de Yoliin Am nous attendent. L’un des canyons est encore rempli de glace, nous laissons voiture et motos et nous promenons à pieds au milieu des troupeaux de chevaux et de vaches qui ressemblent à des yacks.
Nous empruntons ensuite un deuxième canyon, au milieu duquel serpente une petite rivière. Cet endroit est absolument magnifique et vaut le détour, bien qu’il soit par moment assez difficile de circuler entre la glace et les rochers. Certains passages sont tellement étroits que notre 80′ s’y faufile tout juste Nous quittons nos trois amis Australiens à la sortie de ce second canyon, peu avant la ville de Bayandalai. Ils rentrent à Dalandzagad, nous continuons notre route vers le désert. Qui sait, peut-être aurons nous l’occasion de les recroiser dans les prochains mois, en tout cas nous l’espérons car leur bonne humeur agrémentée d’un bon grain de folie va nous manquer!
Les pistes du jour suivant nous font traverser des paysages lunaires puis des montagnes multicolores. La piste est assez cassante et nous évoluons lentement jusqu’à notre lieu de bivouac à l’abri d’une petite montagne. Ce soir c’est soirée crêpes!
Nous allons nous coucher l’esprit léger et le ventre lourd, mais notre sommeil est de courte durée puisque le vent se lève et malmène notre tente de toit. Nous savions que nous étions à la saison des vents mais nous sous-estimions leur puissance! À 3h30 du matin, impossible de dormir, nous plions bagage. Il n’est pas aisé de retrouver la piste dans le noir, d’autant plus que le relais des pleins-phares nous a laché la veille et que nous pouvons donc rouler uniquement en feux de croisement, mais tant pis, nous ne pouvons pas rester là et aucun endroit à proximité ne nous offre d’abri suffisant pour nous arrêter. Nous poursuivons sur de la tôle ondulée jusqu’à l’oued de Konghorin Els et ses dunes chantantes. Nous ne les entendrons malheureusement pas chanter (phénomène qui se produit lors d’une avalanche de sable), mais passons un bon moment à gravir quelques dunes et à jouer avec Flash, qui pose ses pattes pour la première fois dans un désert de sable.
En quelques jours, nous avons revu à la baisse notre définition de « piste roulante » et sommes désormais contents lorsque notre vitesse de croisière atteint les 40 km/h. Les 130 km suivants pour rejoindre la ville de Gurvantes sont plus faciles puisque très sablonneux, ce qui est beaucoup plus confortable que la tôle ondulée, même si nous dépassons rarement les 60 km/h.
Un puits étant indiqué dans le guide « Mongolie, Les plus beaux itinéraires en 4×4, moto et camping-car » de Cécile Miramont et Laurant Bendel (ce livre est une véritable mine d’informations sur le pays, et nous suivons leurs magnifiques tracés depuis le début!), nous nous arrêtons à l’endroit indiqué pour refaire le plein d’eau. Malheureusement, il est désormais hors d’usage et nous ne parvenons pas à en sortir la moindre goutte d’eau. Ce soir il ne va pas falloir gâcher le peu d’eau qu’il nous reste! Nous nous installons non loin de là au milieu de dunettes arborées, qui devraient nous protéger du vent, mais au cas où, nous dormirons quand même dans la tente au sol.
La fin de la piste pour Gurvantes est assez roulante et nous pouvons rapidement refaire le plein d’essence, de nourriture et d’eau à la maison de l’eau (presque chaque village en compte une et permet à tout le monde de se ravitailler en eau potable pour quelques centimes d’euros). Nous nous offrons même le luxe de déjeuner dans un guanz (ces cantines locales), où nous commandons une fois de plus des plats sans savoir ce qu’ils contiennent. Mais nous ne sommes pas déçus, bien que très gras (et encore une fois, c’est du mouton!), c’est excellent.
Repus, nous sommes prêts à repartir pour les montagnes de granit rose et les rochers rouges, où nous arrêtons pour bivouaquer et escalader un petit sommet qui culmine à 2000 m. Ici aussi, le vent se lève et nous oblige à nous réfugier un peu plus loin sur la piste, entre des rochers.
Lors de notre petit-déjeuner – alors que je bois tranquillement mon bol de lait – une voiture s’arrête et 6 Mongols en sortent, viennent à notre rencontre et nous prennent en photo. Quelques minutes plus tard, trois autres voitures s’arrêtent à leur tour. Au total, nous avons désormais une vingtaine de personnes en face de nous. Nous ne pouvons pas leur parler puisqu’ils ne parlent pas anglais, mais nous arrivons quand même à communiquer et à rire ensemble. Flash fait son effet auprès des enfants qui semblent très fiers de le tenir en laisse et de le ramener à Fab’.
Nous prenons ensuite la route pour Khermen Tsav. Ce lieu est réputé pour être l’un des plus beaux du Gobi mais aussi l’un des plus isolé du pays puisqu’il est tellement aride que même les nomades ne s’y aventurent pas.
Après un longue piste dans le sable (et un tankage qui nous a permis de tester nos Maxtrax!), nous faisons un pause pique-nique au milieu d’un canyon arboré. Cela fait du bien de trouver un peu de verdure au milieu de cet immense désert!
Notre prochaine étape est la ville de Shinejinst, nous décidons d’emprunter la piste la plus directe pour nous y rendre, mais c’était sans compter un cours d’eau presque à sec mais bien boueux qui rend notre traversée impossible. Nous cherchons en vain un endroit où traverser, et nous rendons bientôt compte que nous ne retrouvons plus la piste qui nous a mené jusque là. S’en suivent quelques heures de jardinage au milieu des dunes, avant de finalement suivre notre trace que le GPS a enregistré à l’aller. On a beau dire, la technologie a parfois du bon!
L’idée de la piste directe abandonnée, l’après-midi est déjà bien avancée. Shinjinst attendra, nous retournons dans notre canyon, où nous bénéficions du luxe d’avoir du bois mort à volonté. Rien de tel qu’un bon feu et des pâtes au pesto et au poulet grillé pour nous remettre de nos émotions! En plus, le ciel est bien dégagé et nous offre un spectacle incroyable, dont nous profitons longuement avant d’aller nous coucher.
Bien reposés, il est temps de quitter le désert de Gobi pour la région de l’Altaï. Nous grimpons rapidement à plus de 2000 m d’altitude dans un paysage lunaire aux pistes assez cassantes, et atteignons la ville de Bayan-Khongor le jour suivant.
Cette grande ville (pour la région), nous permet de nous ravitailler en vivres et en essence, et d’enfin trouver l’huile nécessaire pour faire la seconde vidange du 80′ mais aussi de colmater une légère fuite d’huile au niveau du bouchon de vidange de la boite de vitesse.
Demain, nous prendrons la route pour la ville d’Altaï. Ici se termine notre aventure dans le Sud de la Mongolie, à nous les steppes et les lacs du Nord-Ouest! Mais pour l’heure, il est temps de se poser pour la nuit au bord d’une petite rivière. Comme c’est agréable d’entendre le bruit de l’eau, les canards et les grenouilles après cette semaine dans le désert!
_Laure
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